Tunisie – France : il s’appelait Farhat Hached

Après Habib Bourguiba et Mohamed Bouazizi, c’est le fondateur de l’UGTT qui se voit dédier une place par la Ville de Paris. En Tunisie, l’héritage du syndicaliste est plus que jamais d’actualité.

Figure de la lutte pour l’indépendance, Ferhat Hached a été assassiné en 1952. © Archives Jeune Afrique

Figure de la lutte pour l’indépendance, Ferhat Hached a été assassiné en 1952. © Archives Jeune Afrique

Publié le 1 mai 2013 Lecture : 2 minutes.

Héros national abattu en 1952 par la Main rouge, officine de l’ombre liée aux services secrets français, Farhat Hached est aujourd’hui honoré par… la Ville de Paris. La mairie – et son édile, Bertrand Delanoë, natif de Tunis – a choisi symboliquement la veille du 1er mai, jour de la Fête du travail, pour donner son nom à une place du 13e arrondissement. Un paradoxe, alors que les autorités françaises n’ont jamais permis d’accéder au dossier de son assassinat. Antoine Méléro, ancien de la Main rouge, avait pourtant reconnu les faits en 2009.

Fondateur du mouvement syndical tunisien, Farhat Hached donna une nouvelle dynamique à la lutte pour l’indépendance en inscrivant le droit des travailleurs tunisiens parmi les revendications nationalistes et en orchestrant une véritable guérilla sociale contre les autorités du protectorat français. Respecté par les confédérations internationales, cet homme de réseaux fit campagne jusqu’aux États-Unis pour sensibiliser l’opinion à l’autodétermination de la Tunisie. Maghrébin avant l’heure, cet insulaire de Kerkennah soutint le projet d’une union syndicale nord-africaine.

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Tribun

En Tunisie, le parcours de Farhat Hached reste d’une troublante actualité. Même après la révolution de 2011 et la fin de l’oppression politique, son ombre plane encore sur l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), puissante centrale ouvrière qu’il avait créée en 1946 pour structurer une société civile qui soit partie prenante de la vie politique. Le syndicat se montre d’ailleurs très susceptible lorsqu’on touche à son tribun emblématique. Quand des membres de la Ligue de protection de la révolution, une milice pro-islamiste, ont attaqué le siège de l’UGTT en marge de la commémoration de son assassinat, le 4 décembre 2012, le pays a été au bord de la grève générale.

Mais la mémoire de Farhat Hached relève aussi d’un devoir familial. Noureddine, son fils, valorise son héritage via l’Association tunisienne d’études historiques et de recherche sociale, et projette la création d’une fondation. Farah, sa petite-fille, milite quant à elle pour la préservation des archives nationales, dont celles de la police politique. 

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