La création de l’Opep

Publié le 11 septembre 2006 Lecture : 2 minutes.

Du 10 au 14 septembre 1960, des ministres irakiens, koweïtiens, iraniens, saoudiens et vénézuéliens se réunissent à Bagdad pour signer l’acte de naissance de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). Quatre États musulmans, dont trois arabes, qui s’allient avec le Venezuela catholique ; trois démocraties qui s’allient avec deux monarchies – le Koweït et l’Arabie saoudite ; un pays aux réserves limitées – le Venezuela – qui s’allie avec d’autres dotés de gisements importants : pour les observateurs internationaux, la longévité de cet étrange mariage à cinq est loin d’être acquise

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la géographie pétrolière mondiale entre dans une phase de recomposition. Des pays arabes et l’Iran sont désormais des fournisseurs importants pour les grandes puissances. À la veille de la Conférence de Bagdad – c’est ainsi que l’Histoire a baptisé la rencontre de septembre 1960 dans la capitale irakienne -, l’Arabie saoudite, l’Irak et le Koweït produisent à eux trois 40 % de la consommation mondiale de brut. Si le Venezuela et l’Iran rejoignent le trio, cette proportion s’élève à 90 %. Une union des cinq aurait des effets redoutables sur les équilibres internationaux D’autant que les États-Unis industrialisés, en pleine effervescence consumériste de l’après-guerre, n’ont plus les réserves suffisantes pour subvenir à leurs besoins : depuis 1948, le pays est un importateur net. Partant, la première puissance de la planète dépend de ses fournisseurs d’hydrocarbures.
Mais cet avantage géostratégique, qui est devenu une donnée évidente dans le contexte d’aujourd’hui, ne saute pas d’emblée aux yeux des cinq membres fondateurs de l’Opep. En se réunissant à Bagdad en septembre 1960, ces derniers ont un objectif simple, presque angélique au regard du choc pétrolier que provoquera l’Opep en 1973 : « coordonner et unifier les politiques pétrolières pour garantir la stabilité des prix » (extrait des statuts de l’organisation publiés en janvier 1961, à la Conférence de Caracas, au Venezuela).
Au cours des dix-huit mois précédant la Conférence de Bagdad, les sept « majors » – les grandes compagnies pétrolières qui dominent le marché à l’époque (Standard Oil – future Chevron -, Mobil, Texaco, Royal Dutch Shell, Gulf Oil, Exxon et BP) – baissent leurs tarifs à deux reprises. La deuxième fois, c’est en août 1960. Leur objectif : faire face à la concurrence qui résulte de l’apparition de nouvelles sociétés d’exploitation, indépendantes ou étatiques.
Mais les États pétroliers s’estiment victimes de cette stratégie pour écouler la production : ils sont essentiellement payés par un système de concessions – ils reçoivent un loyer, en quelque sorte – ainsi que par l’impôt, calculé sur le prix de vente. Si ce dernier baisse, leurs revenus en font de même.

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Pour commencer, l’Opep naissante adopte une résolution prévoyant que les États négocient les prix avec les compagnies afin de retourner aux tarifs d’avant 1960. En vain. En 1965, l’année où le conseil économique et social de l’ONU reconnaît le statut d’organisation internationale à l’Opep, cette dernière, enrichie de nouveaux membres – Qatar en 1961, Libye et Indonésie en 1962, Équateur en 1963 -, choisit de fixer des quotas de production. La décision, proposée par le Venezuela et prise à Tripoli, vise à limiter les réserves pour, in fine, enrayer la baisse des prix. Un prélude à la décision de 1973 de placer sous embargo les pays ayant soutenu Israël pendant la guerre du Kippour, qui entraîne le premier choc pétrolier. Initialement économique, l’Opep devenait une organisation politique.

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